Date de sortie : 23 janvier 2019 · Durée : 130 min · Liste : Film 2019
Impression globale | 9.0 |
Histoire/scénario | 8.0 |
Acteurs | 10.0 |
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Synopsis : En 1962, un vigile italo-américain nommé Tony Lip est engagé comme chauffeur pour le Dr. Don Shirley, un célèbre pianiste de jazz qui part en tournée dans le sud conservateur des Etats-Unis.
Réalisateurs : Peter Farrelly · Casting : Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini, Don Stark, Sebastian Maniscalco, Tom Virtue, Brian Stepanek, Joe Cortese, David Kallaway, Paul Sloan
Il y a tellement de choses à énumérer, il y a tellement de sujets abordés. Pour situer, nous sommes dans les années 60 aux USA. Nous avons donc en face de nous deux personnages, Tony Lip, Italien immigré ou issu de l'immigration, participant à des activités pas totalement nette, baignant dans la mafia, à caractère très sanguin, raciste dans l'âme, sûrement influencé par le fascisme régnant dans l'Italie de l'époque. Ce dernier étant interprété à merveille par Viggo Mortensen, qui personnellement me bluffe de par sa métamorphose et son jeu d'acteur. Mais les merveilles d'interprétations ne s'arrêtent pas là. Il est ensuite rejoint par un certain Dr Don Shirley, homme noir, cultivé, virtuose du piano et côtoyant les personnes de la haute société afin de satisfaire leurs besoins musicaux. Egalement incarné avec brio, par l'étoile montante du cinéma : Mahershala Ali. Qui me surprend de plus en plus, depuis Moonlight et la récente troisième saison de True Detective. Mais l'heure n'est pas à la rigolade, il me faut tenter tant bien que mal de vous expliquer mon ressenti face à ce film.
Le film se profil alors comme un "road-movie", parcourant les concerts les uns après les autres sur les routes du sud de nos charmants Etats - Unis d'Amérique. Etats dans lesquels règne un ségrégationnisme important. La confrontation se ressent dès lors avec les rapprochements maladroits de Tony, assimilant les artistes afro-américains, que Don Shirley ne connaît pas, étant pourtant ses "congénères". Mais la situation s'améliore et nous prouve que deux hommes issus d'une réalité totalement différente peuvent mutuellement se rendre service, car chacun à son domaine de prédilection. La connaissance est infinie, et on peut l'offrir tout en la gardant.
De plus, la nationalité italienne de Tony et les remarques qu'il prend concernant ses origines lui font comprendre que cette colère raciale n'a aucuns fondements.
On passe du sourire au rire, du sourire à la tristesse, car le film sait nous remettre dans le droit chemin et dénoncer ce qui va mal dans ce pays, parce que, oui, quelque chose va mal. Le Dr. Don Shirley ne s'y sent pas à sa place, il est rejeté par les personnes noirs qui l'entoure, lui reprochant de servir les élites blanc sans se soucier de ce qu'il pense de lui. Restant toujours digne, car "la dignité l'emportera toujours sur la violence", le personnage ne cessera jamais de croire que les choses s'amélioreront, porté par l'espoir de l'acceptation par tout le monde, dans n'importe quels endroits. Le Dr Don Shirley, à une plus petite échelle, démontre ce que des personnages comme Martin Luther King ont pu accomplir à un niveau international. Le message est fort et nous attriste, le film a l'efficacité de nous faire passer d'un état jovial à une ambiance maussade. Et pour le coup, le pari est réussi.
Concernant la forme, nous pouvons remarquer que l'objectif de la caméra est sans arrêt tournée en focale longue vers nos deux protagonistes, rendant leur relation unique face aux monde extérieur, afin d'y édifier une réflexion. La bande originale est rythmée par des musiques jazz de l'époque, se révélant d'une extrême efficacité pour créer une ambiance adéquate au film. La luminosité est utilisée à bon escient. Je ne sais pas si c'est Mahershala Ali qui joue réellement au piano, mais c'est grandiose. Chaque partitions s'intensifient au rythme du film et des propos auxquels notre "virtuoso" est confronté.
Pour résumer nous nous retrouvons face à un duo magnifiquement interprété, qui fait la force majeur de long métrage. Leur relation nous offre un message plein d'espoir, la preuve que l'être humain peut changer et cohabiter sans haine à distribuer autour de lui.
Face à cela je retiendrais principalement une phrase énumérée dans les dernières scènes du film : "Le génie n'est pas suffisant pour contrer toutes ces choses là, il faut avoir le courage de les affronter pour changer les mentalités".