LES CHIFFRES.
Selon Hollywood Reporter, il s'ouvre 16 salles de cinéma en moyenne par jour en Chine, pays en comptant 20 000. Sachant que le nombre de salles en 2002 était de 1400 et que les Etats-Unis comptent 40 000 salles de cinéma pour une population quatre fois moindre, l'expansion de l'infrastructure de ce loisir en Chine n'est pas prête de s'arrêter.
Il n'y a que 34 films étrangers qui sont autorisés à sortir dans ce pays dont 14 en imax 3D, ce quota étant fait pour favoriser l'essor du cinéma chinois. Néanmoins, ce quota était de 20 à la base mais les Etats-Unis et l'OMC ont fait pression afin d'ouvrir un peu plus le marché.
Il ne faut pas oublier que les quotas se doublent de la censure. On n'oubliera pas que Titanic avait vu la scène de nu de Kate Winslet coupée au montage par les autorités par peur de perturbations des séances. De même, Men in Black III avait été amputé de 13 minutes à cause de l'image négative et critique des Chinois et du gouvernement que ce film renvoyait.
2015 ET APRES
BOX-OFFICE CHINOIS ACTUEL
Films Distributeur Recettes Sortie
1 Furious 7 China Film $389,260,000 4/12
2 The Man from Macau II Bona Light $154,130,000 2/19
3 The Hobbit: The Battle of the Five Armies China Film $121,720,000 1/23
4 Dragon Blade n/a $116,790,000 2/19
5 Wolf Totem China Film $110,460,000 2/18
6 Wolf Warrior n/a $86,860,000 4/2
7 Big Hero 6 China Film $83,530,000 2/28
8 The Left Ear HuaXia $74,740,000 4/26
9 Kingsman: The Secret Service China Film $74,667,000 3/27
10 Cinderella (2015) China Film $71,570,000 3/13
*chiffres boxofficemojo.com au 10 mai
Ces chiffres nous montrent que le marché chinois n'est pas autant dominé par des productions américaines qu'on pourrait croire étant donné que seulement 5 de ces films le sont. En effet, 4 de ces films sont des productions chinoises. A noter le cas particulier de Wolf Totem ( Le Dernier Loup ), film de Jean-Jacques Annaud, coproduction franco-chinoise qui se paie le luxe d'arriver à la 5ième place. En aparté, il faut noter que le succès mondial de Fast and Furious 7, qui égalera peut-être le succès du premier opus des Avengers dans quelques jours, s'explique en partie par son succès en Chine car il n'a rapporté que 339 millions de dollars aux Etats-Unis.
LES ETATS-UNIS ET LA CHINE
Pour bien comprendre les enjeux de certaines productions américaines récentes et à venir, il faut mettre en avant différents aspects =
- La coproduction.
Si Transformers l'Age de l'Extinction et Iron Man 3 ( Disney/Marvel avait fait une version spécial pour le public chinois avec une star locale ), ces deux dernières années, ont aussi bien réussit en Chine, c'est parce que les majors américaines se sont associés avec des sociétés de production locales ( China Movie Channel,DMG Entertainement ) pour avoir une plus grande diffusion dans ce marché en pleine expansion.
A noter que le 9 mars 2015, DMG a annoncé sa prise de participation dans le capital de Valiant Entertainment. Un mois plus tard, un accord était signé avec Sony pour le financement de films de super-héros du catalogue Valiant Comics, avec comme objectif une distribution simultanément aux États-Unis et en Chine.
- Un marché, sauveur de futures trilogies / franchises.
Need for Speed, démonté par les critiques et peu suivit par le public, aura une suite au vu du succès en Chine ( 65 Millions de dollars ) car Electronic Arts et Dreamworks vont s'associer avec China Movie Channel pour un film se déroulant en grande partie dans l'Empire du Milieu avec un casting en majorité chinoise. Tout cela pour surement surfer le succès phénoménal de fast and furious 7 en Chine.
Pacific Rim a eu de bons retours par le public et la critique mais cela n'a pas empêché de ne faire 102 millions de dollars aux Etats-Unis pour un budget de 190. Il a été sauvé par les recettes dans le reste du monde et surtout en Chine, le film étant fortement influencé par la culture asiatique. C'est pour cela qu'une suite a été prévue, au grand bonheur de certains.
Au fur et à mesure des années, ces deux aspects n'auront de cesse de se renforcer, le seul marché des Etats-Unis ne comptant plus dans le calcul des dirigeants des majors, ces derniers voyant les profits à faire dans ce marché du cinéma chinois en pleine expansion.
LA FRANCE ET LA CHINE
Dans une moindre mesure, la France n'est pas en reste sur ce qui est le second marché de notre cinéma, l'étonnant succès en 2015 du dernier film de Jean Jacques Annaud en étant la preuve la plus éclatante. L'évolution se fait à plusieurs niveaux :
- Politique.
La rencontre entre les présidents François Hollande et Xi Jinping fin mars 2014 à Paris qui ont abordé notamment le sujet des quotas du cinéma français en Chine. En effet, il n'y a que 6 films français par an autorisés, la présidente du CNC espérant que ce quota arrive à 10-12 pour les films commerciaux.
Pour contourner cette politique de quotas, les deux pays ont un accord de coproduction depuis 2010 permettant que les films concernés soient considérés français en France et chinois en Chine, le Dernier Loup de Jean Jacques annaud en ayant bénéficié.
Symbole notable, la coproduction franco-chinoise le Promeneur d'Oiseaux, tournée par Philippe Muyl en Chine, a représenté la Chine pour les oscars.
- Coproductions, Partenariat et Opération Séduction.
Au vu des déclarations de Jean-Jacques Annaud assurant avoir convaincu ses interlocuteurs à Pékin des bienfaits de la coproduction ( la preuve étant la 5ième place de son film au box office actuel ), on peut espérer que les 5 prochaines coproductions franco-chinoises ne seront pas les dernières.
Luc Besson et Europacorp ont signé un accord exclusif avec le distributeur chinois Fundamental Films, toujours pour passer l'écueil des quotas, pour péreniser leurs prochaines productions après les succès de Lucy et les trilogies Taken et le Transporteur.
Les stars françaises n'hésitent plus à se déplacer en Chine pour promouvoir leurs films comme Dany Boon avec Supercondriaque et Léa Seydoux avec La Belle et la Bête. Le Festival international de Pékin est devenu un endroit incontournable de promotion pour les films étrangers en Chine.
Il reste encore beaucoup à faire, notamment avec les quotas et la censure, mais le marché chinois du cinéma est en pleine expansion. Il est désormais une composante essentielle prise en compte par les majors américaines et européennes dans leur stratégie d'avenir tandis que les sociétés locales ont vu que ce partenariat leur permettait d'accroître leurs profits sur le marché local.
Pensez-vous que la Chine est le nouvel Eldorado du cinéma mondial ?