http://lecinedesflemmards.wordpress.com/2014/08/05/critique-old-boy-de-spike-lee/
OLD BOY :
La chose à ne pas faire pour bien critiquer ce film serait d’en parler comme si l’original n’existait pas. Comme si c’était une nouvelle histoire créée de toute pièce, et qu’on ne juge finalement que l’œuvre elle-même, sans comparaison. Sauf que nous, on en a rien à cirer : on a vu l’original au cinéma, et vu la méchante claque qu’on s’était pris, on va pas se gêner pour comparer les deux films !
Quelques années après le Old Boy de Park Chan-Wook (10 ans plus tard plus exactement), les américains mettent tout en œuvre pour réaliser leur vision de la chose, et permettre à ceux n’ayant pas vu le film coréen (c’est quand ils veulent !) de découvrir cette macabre histoire de vengeance.
Dès le départ, on ne trouve vraiment pas l’utilité d’une telle entreprise. Old Boy se suffit amplement à lui-même, aussi intriguant et traumatisant qu’il soit. Mais comme ce n’est pas vraiment la première fois que le pays de l’oncle Sam s’amuse à remaker tout et n’importe quoi, jouons la curiosité. Qu’apporte donc cette version dirigé par Spike Lee (Inside Man), avec en tête d’affiche Josh Brolin(True Grit, Sin City : J’ai tué pour elle) au lieu de Choi Min-Sik ?
Le point de départ reste le même : le héros, Joe Doucett, est un sale con, mari distant et père d’une petite fille de 3 ans. Un soir alors qu’il est encore ivre, il se fait capturer et enfermer dans un studio d’appartement, avec pour seul loisir la télévision. C’est par ce moyen qu’il apprendra qu’il est accusé du meurtre de sa femme, et qu’il est recherché activement par la police. Il est innocent, et ne comprend pas la situation dans laquelle il se trouve. Pendant quinze longues années, Joe restera séquestré, mais aussi nourri, par quelqu’un dont il ne sait absolument rien. Et quand il est enfin relâché, son ravisseur le contact pour qu’il puisse répondre à ces deux questions : qui est-il, et pourquoi a-t-il fait ça ?
Plus qu’un remake, Spike Lee tente une relecture honnête de l’œuvre coréenne. Certaines scènes sont identiques (en franchement moins bien, en démontre la fameuse séquence du marteau), d’autres s’intègrent plutôt bien dans le concept, et son choix de mettre Josh Brolin dans ce tourbillon d’incompréhension est judicieux tellement l’homme s’approprie parfaitement le personnage. Son charisme en impose, et son jeu est criant de vérité. De plus, ce Old Boy américain dégage une aura particulière, qui ne déplaît pas tant que ça, qu’on soit en terrain connu ou non.
Seulement voilà. Ceux qui ont vu l’original vont vite déchanter : il n’y a franchement pas grand-chose de neuf à se mettre sous la dent. Pire, connaissant la fin, cette version rame à nous plonger dans le récit, et certains acteurs font pâle figure : Sharlto Copley (District 9, Elysium) joue divinement mal et n’a franchement rien d’inquiétant comparé à son « homologue » coréen, Yu Ji-Tae.
La tournure que prend la finalité, en terme d’explication et des moyens déployés, est d’un too much déconcertant, même ridicule, là où le Old Boy venu de Corée transcendait son dernier acte par un simple album photo. Mais il est quand même important de souligner que le réalisateur a vraiment voulu amener une autre vision, quelque chose de plus terre à terre, moins ambiguë, qui pourrait plaire plus facilement à la populace. Une fin changée, pour une révélation finale identique.
Par ailleurs, son film n’est pas mauvais en soi, et ceux qui découvrirons cette histoire pour la première fois pourront grandement apprécier. Pour les autres, il arrive bien loin derrière car, honnêtement, une fois vu, on ne voudrait qu’une seule chose : se remater l’original.
POUR LES FLEMMARDS : La relecture n’est pas mauvaise en soi, elle est simplement inutile. L’âme de l’original n’y est pas du tout. Reste un Josh Brolin imposant.
NOTE : 1,5/5